La gestion des déchets dans l'Histoire
Depuis toujours les déchets existent puisqu’ils sont le résultat de ce dont l’Homme n’avait plus besoin, ils sont également le fruit de son activité et de sa consommation. La définition même de déchet connaît une évolution selon les différentes époques, les déchets de l’époque moderne sont loin d’être les mêmes que ceux de notre époque.
Les hommes préhistoriques ( Des millions d’années avant notre ère , entre 5 et 3 millions d’années jusqu’à l’invention de l’écriture) produisaient des déchets tel que les silex inutilisables, les fins de carcasse, des peaux utilisées pour les vêtements, des excréments, …Cependant ils dispersaient leurs déchets dans la nature. Leurs déchets n’étaient alors qu’en petites quantités et essentiellement des restes de nourriture, ils se décomposent alors selon le cycle naturel. La décomposition des déchets en plus de leur faibles productions n’est alors qu’un aspect très infime dans la vie des hommes préhistoriques. On peut également souligner que les hommes préhistoriques valorisent une partie de leurs déchets alimentaires (os et ivoires utilisés pour faire des armes, des aiguilles, des bijoux, …) Ce n’est qu’une fois qu’ils sont rendus inutiles qu’on les jette.
Pour autant, d'après les études de De Silguy datant de 1996, les déchets deviennent un peu plus importants dans la vie des individus. En effet, vers les années 7 500 avant notre ère ils se sédentarisent et se mettent à l’élevage. Cette période est parfois dite celle de la révolution agricole par les historiens.C’est une période nouvelle pour la gestion des déchets. Pour cela, les archéologues ont repéré plusieurs méthodes utilisées par les hommes préhistoriques. La technique de l’enfouissement notamment pour les excréments d’animaux et d’hommes ou même pour les os. Sinon ils donnaient également le fruit de leur cuisine aux animaux tel que les cochons. Ensuite, on suppose l’utilisation du feu comme moyen d’élimination des déchets d’après l’étude de De Silguy.
Les problèmes liés aux déchets commencent avec l’Antiquité et la sédentarisation des populations. Les Grecs inventent les toilettes publiques et emportent les déchets hors de la ville ; il y avait déjà une collecte régulière des ordures. D’après les études de Cyrille Hapet en 1999, il prouve qu’à Jérusalem et certains lieux en Turquie étaient aménagés pour y déposer les déchets tels des dépotoirs. Athènes au Vème met en place des installations d’évacuations des déchets, cela est notamment dû au fait que c’est une des plus grandes agglomérations de la période classique. Leurs déchets sont principalement des restes de repas, des vêtements et des poteries cassés. Les Romains installent également des toilettes publiques ainsi que des fosses à l'extérieur de la ville où les habitants déposent leurs ordures, les restes d’animaux et les cadavres. Certains habitants utilisent même des vases en terre cuite pour collecter les ordures et les jeter à l’extérieur des villes, c’est l’ancêtre de nos poubelles. Les latrines se répandent de plus en plus chez les romains , elles sont au départ publiques. La présence de latrine privée est extrêmement rare. Il a été prouvé par les études de De Silguy que les romains ont pu réutiliser d’anciens matériaux cassés. Quant à Paris, la cité des Parisii était tellement sale que les romains lui donnèrent le nom de Lutèce qui vient de Lutum (boue en latin)
Vers l’an 1000 et globalement toute la période du Moyen Age, les déchets connaissent une période d’essor important. Si comme dans l’Antiquité les “biodéchets” servent à nourrir les animaux ou sont déposés les champs, le reste des déchets va devenir de plus en plus problématique. Les villes à cause du commerce sont de plus en plus importantes. Les problèmes de salubrité sont de plus en plus importants. Les amas de déchets (de nourritures, pots cassés, vêtements) dans certaines rues permettent de leurs donner des noms tels que la ruelle Sales ou du Bourbier. Même si certaines demeures bourgeoises sont équipées de latrines, les canalisations débouchent directement dans les rues. Les rues sont donc boueuses, malodorantes et sales, les nuisibles s’y répandent Les cochons ont pu être utilisés pour « nettoyer les villes ». Ensuite, Les habitants jettent leurs déchets, excréments, carcasses d’animaux dans la rue ou dans les rivières. Ce fait nous confronte à un second problème : la pollution de l’eau. Généralement le travail du boucher, du tanneur et des teinturiers sont directement déversés dans les villes, ce qui a pu provoquer un salissement des villes considérables. A Paris, plusieurs rois, à la suite des proliférations de maladies et aux mauvaises odeurs, font des travaux sur les voies publiques (pavage des rues, création de puits dans les quartiers pour déverser ses déchets, fossés d’évacuation couverts, ...) et tentent de promulguer des lois afin de débarrasser les rues des immondices. On doit ces avancées à Philippe Auguste qui veille à la propreté des villes. Cependant, les gens refusent le plus souvent de porter leurs déchets aux endroits prévus et continuent à les jeter dans la Seine ou dans la rue.
A la Renaissance, Louis XII et François Ier font nettoyer les rues et porter les immondices hors de la ville. En effet en 1506, Louis XII met en place un impôt afin que soit financé le ramassage des ordures ménagères. Cet impôt est ensuite couplé à un impôt sur l’éclairage public. Il déplait fortement et est ensuite abandonné. En 1515, François 1er se donne pour charge d’assainir la ville de Paris. Pour cela, il demande à la population de mettre ses déchets dans des paniers afin qu’elles soient collectées par les boueux. Les porcs et les volailles qui créent trop de désordre en ville et de saleté sont renvoyés dans les campagnes et ne peuvent plus être détenues en villes.
A partir du XVIIème siècle, certaines personnes pauvres récupèrent les vieux vêtements, les chiffons, les os d’animaux et tout objet pouvant être réutilisés ou revendus : ce sont les chiffonniers. Ce sont les premiers “recycleurs” (avec les os bouillis on obtient une graisse pour faire des bougies, avec les tissus et les chiffons, on fait du papier). La situation des déchets ne s’améliore pas et cela jusqu’à Louis XIV. L’état de l’eau est catastrophique puisqu’il est peu recommandé de boire l’eau des villes. Le médecin du roi avait même interdit au roi d’en boire. En 1666, un édit permet de réguler le ramassage des ordures. Cependant, les mentalités ne changent pas vraiment face aux édits émis et préfèrent tout jeter dans les rivières. La situation restera la même, face à l’insalubrité des villes, les autorités tenteront de l'endiguer mais en vain. Les potentiels changements se font surtout en apparence.
Le XVIIIème siècle tend a bien plus vouloir gérer la propreté de ces villes et notamment la gestion des ordures. Les nombreux déchets ( qui sont dans la globalités les mêmes que l’on trouve dans les époques précédentes) dans les rues deviennent un débat public. Les questions se posent quant aux maladies, à l’odeur, aux déplacements des animaux…. On cherche à développer de nouveaux acteurs afin d’avoir un meilleur ramassage des déchets et une meilleure évacuation de ceux-ci. En 1779, le sujet est tel qu’on lance des concours pour proposer des solutions aux problèmes. Les déjections animales et humaines ont pu être évacuées des vides par les charretiers qui les emmenaient en dehors des villes pour les vendre à des agriculteurs. Se développe aussi de plus en plus d’entreprises publiques qui s’occupent des déchets des individus, surtout des bourgeois et de la noblesse qui ne veulent pas à avoir à ramasser leurs déchets et à balayer devant leurs portes.
Avec la Révolution Industrielle apparaît de nouveaux types de déchets (les terrils qui résultent des déchets du charbon, les résidus de la chimie minérale) et la surproduction acquise grâce aux machines, entraîne directement une augmentation des déchets.
Il faudra attendre 1884 et Eugène Poubelle pour voir une vraie gestion des déchets et l’apparition du « tri ». Eugène Poubelle, préfet de Paris, ordonne le dépôt des ordures ménagères devant les portes, dans des boîtes spéciales avec couvercle (un bac pour les putrescibles, un pour le verre, faïence et coquille d'huître et un troisième pour les chiffons). Dès 1896 Paris dispose de centres de traitement de déchets particulièrement performants. Des ouvriers qui se trouvent directement dans la fosse attirent la boue dans un transporteur tandis que les chiffonniers récupèrent les papiers, chiffons, os, ... et que d’autres ouvriers retirent les ferrailles, poteries, tôles émaillées pour qu’il ne reste que les matières utiles à l’agriculture qui seront ensuite broyées et transformées en engrais. Tout ce qui ne peut pas être utile à l’agriculture sera détruit dans les fours qui produiront de la vapeur et de l’électricité. Le chiffonnier est toujours présent depuis le Moyen -Âge et continue à fouiller dans les déchets afin de pouvoir les revendre. On brûle de plus en plus les déchets, autant en France que dans d’autres pays tel que l’Angleterre. Adopté à la fin du XIXème siècle, il comble le manque de place dans les décharges. En effet, l’ouverture de la première déchetterie a lieu en 1906. On se débarrasse de quasiment tous les déchets même ce que nous considérons comme les biodéchets et les rejets animaux ne sont plus vendus aux agronomes, qui s’en plaignent. L’incinération de toutes les sortes de déchets permet de s’en débarrasser facilement, notamment à cause grâce au moyen techniques de l’époque qui permet d’avoir produire un feu à la chaleur très élevée. Ces centres de tri performant sont apparus à partir de 1896.
Le XXème siècle voit l’arrivée de nouveaux matériaux qu’il faudra apprendre à gérer : le nucléaire, les alliages industriels qui augmentent la performance des aciers, les matériaux de synthèse (caoutchoucs de synthèse, polyesters, polyéthylène, silicones), les plastiques, les composites et les produits chimiques utilisés par l’agriculture. Le plastique par exemple est apparu en 1865 mais son expansion se fait surtout à partir de 1960. En 1980, leur production est si importante qu’elle dépasse celle des métaux. La fabrication des matériaux de synthèse devient importante à partir de 1950.
Actuellement en France il existe 4500 déchetteries et 176 centres de tri.
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