Le tri valorisation des déchets, réalités et enjeux
Mais le tri : qu’est ce que c’est ?
Consiste à trier et à récupérer les déchets selon leur nature : métaux, papier, verre, organique...pour faciliter leur recyclage. Ils sont triés soit par ceux qui les produisent soit par des organismes spécialisés ou en centre de tri. On l'appelle ''Tri à la source'' lors d'une collecte sélective effectuée au porte à porte et ''Tri par apport volontaire'' lorsqu'il s'effectue à l'aide de conteneurs spécifiques situés en déchèterie ou sur la voie publique. Enfin il existe le “tri en déchetterie”, dans ce dernier cadre différent objet sont récoltés en déchetterie afin d’être revalorisé tel que les bouchons de bouteilles.
Nos différents déchets dans la poubelle jaune
- les emballages cartons
- les emballages plastiques
- les emballages en métal et aluminium
- le papier
Attention cependant malgré cette liste qui peut paraître large. Tous ces déchets ne sont pas acceptés. Le déchet s' il ne correspond pas au critère juste au-dessus doit être placé dans la poubelle grise. Il est important de comprendre ces nuances et de faire attention à son tri car un déchet mal placé peut impacter le recyclage et le fonctionnement des centres de tri.
Les déchets des sacs jaunes sont ensuite traités dans les centres de tri. Un centre de tri est une installation ayant pour but de gérer les déchets municipaux. Issue de la collecte sélective, les déchets sont triés selon leur nature. Ils sont ensuite stockés et conditionnés. Dans l'idéal, le but de ces centres de tri est d’offrir une seconde vie à ces déchets afin de limiter leurs incinérations et donc réduire l'empreinte écologique. Une des meilleures filières de recyclage en France est le verre.
Attention cependant les centres de tri sont bien différents des déchetteries. Une déchetterie est un centre d'accueil des déchets qui n’ont pas pour but d’être recyclés. Elle recueille gratuitement les déchets tels que les encombrants , les déchets verts et les déchets du BTP. Les déchets qui ne peuvent pas être recyclés sont incinérés ( parfois avec récupération de chaleur) ou alors sont laissés en décharge ou il libère une concentration importante de méthane ( gaz encore plus polluant que le CO2) .
La répartition des centres de tri en France
( source: https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/87399_etat-lieux-centres-trrsom.pdf )
Les centres de tri sont répartis selon des potentialités d'accueil du territoire, la production des déchets selon les habitants et le financement des aménagements.
Le circuit d’un déchet, à la rencontre d’un centre de tri
Selon les centres de tri, les installations diffèrent. Les façons de tri sont différentes. Voici donc les grandes étapes et les différentes machines.
Dans un centre des tri, les déchets arrivent dans une benne , celle-ci vient de rammaser les poubelle de la commune.Les bennes ont seulement collecté les poubelles jaunes, ils sont pesés à leurs arrivés. Le contenant des camions est ensuite placé dans une grande salle / hall de réception. Les déchets sont ensuite placés sur le trémie d’alimentation de la chaîne de tri. Ils ne sont pas triés, simplement retirés des sacs poubelles. C’est le début du parcours pour le tri du déchet. Ils sont placés dans certains centres dans une cabine de pré-tri. C’est l’étape préparatoire. On y retire les déchets indésirables, généralement les plus gros tels que des casseroles et des poêles. Ou bien la première étape peut être le tamis cylindrique ou tri cylindreur.
source : dreamline
Son rôle est de trier en 3 parties les déchets entre les petits ( moins de 19 cm), les moyens de 19 à 30 cm et ceux de plus de 30 cm.
La seconde étape de tri intervient , elle se fait dans le crible balistique.
source : machinexrecycling
Il sépare les déchets en deux: les corps plats, les corps creux. Les particules plus fines sont par ce système évacué sur le côté. Pour une meilleure gestion du tri, certains sites comportent des trieurs optiques de plusieurs sortes pour les différentes natures des déchets.
source: matevi-france.com
Par la lumière qu’ils émettent sur les déchets, ils “les scannent”, ce qui leur permet de reconnaître le type de matériau. Ils sont par exemple chargés de trier les papiers ou les cartons. Les autres déchets sont orientés vers la chaîne de tri des plastiques ou continuent leur chemin dans le circuit de tri.
Pour les déchets plastiques et laitiers, les petits et moyens sont regroupés afin de passer dans des séparateurs aérauliques.
source :france.environnement.com
Son but est d’aspirer les plastiques souples , les films et les sacs. Ils sont ensuite passés par un trieur optique afin de séparer le polyéthylène des autres plastiques.
Après le traitement du plastique, c’est au tour des emballages rigides. A l’aide d’un aimant on retire ceux en acier. Le flux passe par encore 3 séparateurs optiques afin de séparer les plastiques de différentes natures.
Puis pour les déchets encore restants ils sont redistribués par une machine à courant de Foucault, elle permet de retirer les aérosols et les barquettes du flux.
Après toutes ces étapes de catégorisation du déchets afin de savoir à quelle famille ils appartiennent, ils arrivent sur des tapis différents selon leurs natures devant des agents, qui retirent de potentielles erreurs. Des agents de contrôles s’assurent ainsi de la qualité du tri effectuée par les machines.
Ensuite ils sont stockés dans des alvéoles, dans celles-ci les déchets attendent d’avoir atteint une quantité suffisante avant d’être transformé en balle. Ces balles sont ensuite envoyées afin d’être transformées par des filières de recyclage. Le PET transparent peut redevenir des bouteilles par exemple.
La réalité des centres de Tri et de recyclage :
Le tri est une réponse à de nombreux problèmes mais en vérité cache une réalité différente. Les allocutions d’Emmanuel Macron au sujet de l’utilisation de plastique 100% recyclés d’ici 2025 sont plutôt des rêves qu’une réalité. Par exemple, il faudrait que le choix du matériau utilisé par le consommateur soit recyclable. Néanmoins “recyclable” et “recyclés” sont deux termes différents comme le souligne Flore Berlingen dans Recyclage le grand enfumage, comment l’économie circulaire est devenue l’alibi du jetable, L’utilisation du terme recyclable et recyclé doivent être bien comprise car ces deux notions peuvent amener à des quiproquos, notamment en ce qui concerne la mise en place de nouvelles mesures de tri. Cependant cette technique s'est depuis quelques années installée dans les foyers des français, le but : valoriser ces déchets et éviter l’engorgement des déchetteries. Cependant si on se réfère aux chiffres de 2020 d’après le site de CITÉO, le tri des déchets n’est pas encore complètement assimilé par l'entièreté de la population : 51 % de la population française tri systématiquement ses déchets, l’objectif étant d’atteindre les 100 %. Voici les différents taux des déchets qui ont réussi à être recyclés.
( source : https://www.citeo.com/le-mag/les-chiffres-du-recyclage-en-france/)
Si les chiffres paraissent prometteurs, le tri des déchets est en vérité bien différent. Pour commencer, tous les produits mis dans les poubelles jaunes ne sont pas systématiqument recyclés. Même si dans un monde parfait tout le monde ( le consommateur et les entreprises ) recyclait seul une infime partie des déchets aurait le droit à une seconde vie. Le gouvernement souhaite voir le recyclage du plastique atteindre le nombre de 100 % d’ici 2025 , or des progrès importants restent à faire, seulement 3 % sont actuellement recyclés. Toutes les sortes de carton ne sont pas acceptées dans les centres de tri. Le carton abîmé par les aliments comme l’eau ou l’huile ou leur volume ( trop petits ou trop encombrant). Les boîtes de conserves envoyées au recyclage sont acceptées mais les objets en acier de trop grande taille ne sont pas acceptés. Le carton et l’aluminium trop fins subissent le même sort. Pour le verre, le tri se limite aux bocaux et aux bouteilles. Les vaisselles, plats, décoration et verres à boires sont déposés en déchetterie. Le plastique ne compte pas d’exception, celui-ci n’est pas recyclé à 100 %. On peut retirer de la liste des produits en plastique recyclable tous les objets trop petits comme les pots de yaourt, les sacs poubelles, les films plastiques, … Les seuls produits acceptés sont les bouteilles en plastiques et les flacons, ce qui représente la moitié des produits plastiques mis en vente dans le marché. De plus, la composition du plastique est complexe et se trouve souvent mélangée à des additifs en plus des éléments qui composent l’ensemble du produit en lui-même tel que l'opercule, les étiquettes dessus, … . Le potentiel recyclable d’un plastique est théoriquement multipliable par 7. Les plastiques recyclés sont pour certains inscrits dans un circuit dit “ ouvert” : lorsque son recyclage n’est valable qu’une seule fois. Par exemple, la fabrication d’un pull peut se faire à partir de matériau plastique recyclé , ce pull une fois inutilisable n’a pas pour vocation à être de nouveau recyclé. Le mieux étant donc les circuits “fermés” ou le produit est plus facilement valorisé. Différents éléments limitent le recyclage complet du plastique. Nous pouvons donner un nouvel exemple : le PET-transparent, ce matériau est le plus vendu et est promu comme étant l’avenir du recyclage avec son circuit infini. Cependant très rapidement et même dès sa première fois au recyclage, celui-ci se dégrade. Le PET finit donc par être jeté, c’est pourtant le matériau le plus utilisé dans le monde, notamment pour les bouteilles plastiques. D’autres plastiques de par leur composition complexe n’ont même pas de filière de recyclage et sont enfouies ou incinérés. En France, plus d’un million de tonnes d’emballages plastiques sont mise en vente sur le marché chaque année, plus de la moitié se voit incapable d’être recyclé sur le territoire par manque de fillière.
D’autant plus que les objets destinés au recyclage ne sont pas recyclables à l’infini et leur seconde vie atteint rapidement une date de péremption. Les bouteilles en verre sont recyclables à l'infini à partir du moment où celle-ci n’est pas colorée. Toute coloration de produits en verre ou en plastique rend son recyclage impossible. De même pour le papier mais la fabrication de papier recyclé se fait toujours par l’ajout d’une pulpe de papier neuve.
En outre, on peut aussi aller voir les poubelles grises des habitants et se rendre compte que jusqu’à 40% de leurs déchets peuvent être emmenés dans des filières de recyclage. C’est l'équivalent de 100 kg de déchets par habitants par an. Ces produits sont alors envoyés en décharges ou dans des incinérateurs. On peut blâmer le consommateur tout comme la communication autour du tri. En effet, le manque de poubelle de tri dans les espaces publics, les différents codes couleurs des poubelles dans les régions, le manque de site pour l’apport volontaire des déchets et la fréquence des collectes sont des éléments de réponse au manque d’attention ou non des citoyens. Il faut également faire attention à la signalétique des déchets qui peut parfois être contradictoire. La présence du “point vert” sur les déchets ne sont pas des indications du recyclage du produits. Cela signifie que l’entreprise à rempli sa contribution obligatoire en matière de tri, l’emballage n’est sans doute pas recyclé ni même recyclable. Un problème de signalétique qui est encore plus confus lorsque ce logo point vert est juste à côté de la mention “ Pensez au tri” , le consommateur peut alors penser que le produit peut être placé dans la poubelle jaune.
Désormais si on imagine un monde où tous les acteurs de la société tri leur déchets, le tri connaîtrait aussi quelques limites également. Tout d’abord, les pertes durant le processus montrent un système non parfait des centres de tri. Les déchets produits sur toute la France sont pour ainsi dire dispersés ce qui rend extrêmement compliqué le recyclage de certains de ces déchets ( déchets dangereux, biodéchets, …). Puis enfin, la modification des produits notamment ceux de plastique à base de colorant et de produits chimiques rend leur revalorisation difficile si ce n’est impossible. Philippe Bihouix dans l'Âge des low techs met en avant que le recyclage des matériaux métalliques les rends impossible à recycler une fois annexé à d’autres éléments, la fusion est totale et la récupération impossible. C’est le cas par exemple de l’alliage. Les alliages sont tellement nombreux et de nature diverses qu’il est impossible de développer suffisamment de filières rentables pour pouvoir les gérer. On rappelle de nouveau que les produits coloré ( plastiques et verres) sont dans l'impossibilité d’être traités par les centres de tri. Les limites du recyclage à l’infini trouve aussi ses limites par la dégradation des matériaux. Le verre n’est recyclable que 7 fois par les pertes de propriétés et de qualités qui est dû au recyclage. Ce n’est pas la seule matière à avoir ce problème. Le tissu, le plastique, le carton et le papier ne peuvent plus retrouver leur fonction / état d’origine. De même que si on recycle une partie des matériaux, il y a un apport considérable de matière neuve apportée lors de la construction des produits, afin de garantir la qualité. Une fois jeté la conversion de leur fonction initiale n’est plus possible / n’est plus assuré, dans ce cas on peut même parler de rétrogradation. Cette limite du recyclage se nomme le “downcycling” ou le “recyclage en cascade”
Finalement, beaucoup d' entreprises et des consommateurs recyclent leurs déchets mais beaucoup de ceux-ci finissent enfouis.
On est loin de la citation de lavoisier “Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”
Les causes :
- un manque de filière adaptée ( pour le plastique plus complexe, pour le verre, …)
- un manque de financement et de rentabilité
- la collecte sélective s’est mise en place plus tardivement en France, en 1992, on préférait avant une gestion des déchets ( recyclables) locale
- l’envoi à l’étranger plus rentable que de dépolluer
- le manque d’investissement des habitants
Tout est un problème d’économie, pour qu’un déchet soit recyclé il faut que des infrastructures soient en charge de son traitement et de sa valorisation. Ce sont des moyens techniques coûteux spécifiques à chacun des matériaux. Un enjeu important à interroger est la rentabilité. Le marché du recyclé est faible , peu de gens achètent de la matière première recyclée et les débouchés ne sont pas au rendez -vous tout comme la qualité de certains matériaux recyclés. Le choix des entreprises à ne pas utiliser des matériaux recyclés pour les emballages conduit à la production de 500 000 tonnes de matières plastiques produits en plus chaque année. Ces matériaux finissent leurs vies dans des décharges ou des incinérateurs.
L’utilisation abusive du terme de recyclé donne aux consommateurs une impression “de bonne action”. Un terme utilisé à tort et à travers, un des exemples que cite F. Berlingen est Starbucks. Cette entreprise afin de remplacer les pailles pour ses boissons à créer un gobelet en plastique recyclé. Cependant dans les pays où ce nouveau gobelet va être implanté n’ont pas forcément les structures qui vont pouvoir le recycler. En France, il n’existe pas de filières et de débouchés des polypylènes ( plastique obtenu par polymérisation ).
Le tri est encore trop lent, de trop petite envergure et n’est pas un choix premier pour les producteurs. Ces différents éléments ont pour conséquences la formation de déchets inutiles et en masse sans débouchés de valorisation.